La tragédie de Patrick Sébastien
Je vais en étonner plus d'un, mais là je n'ai pas envie
de taper sur celui (et ça ne surprend personne) que je
considère comme l'apôtre télévisuel de la
connerie. En effet, vous avez peut-être vu samedi dans "On est
pas couché" un écrivain parlant un peu bizarrement,
rigide, austère, le crâne rasé, hochant de la
tête au moindre compliment sur son livre, se montrant plus
pugnace à l'égard de toute critique (le fameux "c'est pas
de la littérature").
J'ouvre le journal ce matin, grande
surprise, en fait c'était Patrick Sébastien qui pour une
fois était bien déguisé. Son excuse? "Chercher une
légitimité", car les "critiques littéraires" s'en
seraient (logiquement) donné à coeur joie. Il ya donc
bien quelque chose de tragique là dedans. Etre
emblématique de la beaufitude, à la coupe mochement
péroxidée, balançant de son haleine anisée
des chansons à mi-chemin entre Lagaf et Bigard, ce bonhomme (
non pas en mousse) se retrouve coincé, réalisant
brusquement qu'être écrivain ne s'improvise pas, mais
aussi que, maintenant, tout acte d'écriture est obligé de
passer par la médiatisation pour "toucher" le plus grand nombre.
Alors je l'imagine assis à son bureau se disant "Oh oh c'est
génial! J'vais écrire un thriller car finalement
ça me chatouille depuis une paye", pour se raviser, remettre le
capuchon sur son stylo bic tout neuf pour continuer de se concentrer
sur son prochain hit...
Ce coup (marketing?) met en avant une chose
(et peu importe de la qualité du livre, car en 2007 visiblement
c'est secondaire) tous, écrivains, critiques, politiques,
animateur-beauf-écrivain-improvisé, ont cet
impératif, tragique -oui, encore du tragique-, de devoir se
trouver une légitimité qui passe par un
changement d'opinion (un article élogieux sur un livre qu'on a
pas aimé mais bon vu qu'il est écrit par un pote...), ou
alors un silence sur certaines idées (qui pourrait faire
fuir un éléctorat), et...s'inventer un personnage pour
renier toute la connerie que le précédent a
engendrée...